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Hourra ! Les vacances ! Trois mois ! C'était hier le dernier
jour d'école, et il n'y a même pas eu d'école. Il
y a seulement eu deux vieux croûtons dégarnis, et une grosse
matrone qui se sont pointés pour choisir les élèves
de l'école pour crétins l'année prochaine. Ils
ont interrogé sur la table de multiplication, six fois huit soixante-quatre
ou non ? Qu'est-ce qui distingue un taureau d'un tracteur et quel est
le plus lourd un kilo de pain ou un kilo de sucre. Mais ils ont pas
dit qui ils avaient choisi, ils le diront plus tard. Pour l'instant
on peut jouer au foot et au poker, fumer des mégots, et balancer
des cagnasses sur les trains, pour péter les vitres, piéger
des chats noirs et les pendre, et encore tout le tas de trucs qui restent.
"
"
Moi ?, qu'est-ce que je suis, moi ? Je suis rien, et on ferait mieux
de moins me prendre la tête, sinon j'irai plus jamais manger chez
moi, je piquerai de la bouffe au magasin. Le plus important c'est de
ne pas tomber aux mains des vendeurs, sinon ils vous tabassent à
coups de balai et vous balancent aux flics, mais les flics - c'est tous
des salopes et des chacals, mais j'ai rien à dire sur eux. "
"
Et avant de dormir, on fonce encore dans le jardin du Taré -
pour lui souhaiter bonne nuit. Il est en sentinelle, il arpente son
jardin de long en large avec son fusil, et on lui crie, bonne nuit,
Sergueï Stepanytch, ne t'endors pas ou on foutra le feu à
ton jardin, et il crie foutez le camp d'ici vauriens, je plaisante pas.
Et maintenant tout le monde rentre à la maison. Et demain - on
refera tout exactement pareil ".
***
" Je dois avoir une influence positive sur ce crétin. Son
communisme a rendu la prof complétement abrutie. Pour elle, le
principal, c'est : 'La force du collectif '. Même les autres profs
se moquent d'elle, et le surgé nous a dit en confidence que c'était
la dernière année qu'il la gardait àl'école.
Une nouvelle époque s'est ouverte, la perestroïka a commencé
dans notre pays, et pour les gens comme elle, c'est l'heure de la retraite.
"
"
Jusqu'à présent entre moi et lui tout était normal
: il n'est jamais venu me chatouiller. On n'a même quasiment jamais
bavardé depuis six mois qu'il est en classe. Il est plutôt
taciturne, mais en vérité c'est une teigne : il va se
castagner pour son quartier avec sa bande, et il rackette les petits.
-Bon alors, dit-il, on m'a spécialement mis à côté
de toi pour que tu m'aides, Chétif. Alors vas-y, traîne
pas.
Je le regarde, il a les cheveux gras, sales, il est couvert de pellicules,
couturé de cicatrices. Un gogol dégueulasse. "
***
" Le réglement de comptes entre bandes a viré à
l'eau de boudin. Ceux du quartier " Cosmonaute " nous ont
pété la gueule : ils étaient au moins trente, si
c'est pas plus. Ils m'ont éclaté la lèvre et m'ont
collé deux cocards mitoyens. En revenant on avait tellement les
glandes qu'on a tabassé deux pèlerins pas de chez nous
dans le trolleybus : pour une raison ou une autre, ils venaient sur
notre territoire, le quartier " Travailleur " - chez des copains
ou chez des gonzesses, ça m'étonnerait qu'on les revoit
de sitôt par ici . "
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Le soir, Il y a personne de chez nous à la station de bus, alors
je vais voir Viek. Il m'ouvre la porte lui-même.
-Entre.
Je retire mes pompes et je rentre dans sa chambre.
-On m'a dit qu'ils avaient lourdé Byr du bahut ? Il demande.
-Pourquoi ?
-Parce que c'est un con. Il a déconné plus que tout le
monde, il voulait montrer qu'il était genre affranchi. Chez lui
dans son quartier c'était un zéro, mais là-bas,
il croyait pouvait faire le malin. Et il a roulé sa caisse. Il
mettait pas les pieds au bahut, il en foutait pas une rame, genre il
avait autre chose à foutre, qu'il en avait rien v secouer. Eh
bien, ils l'ont foutu dehors. Maintenant, à l'horizon, c'est
l'armée.
-Comment ça, l'armée ?
-Il a déjà 18 ans, ça va pas tarder. Cet imbécile
est resté trois ans en cinquième. Tu savais pas ?
-Non.
-Trois ans. С'est un total demeuré, pire que Byk. Alors il a
déconné plus que tout le monde.
-Et qu'est-ce qu'il va faire, maintenant ?
-Rien. Sa mère lui a fait un tintouin d'enfer. Elle s'est pointée
direct à l'école et elle lui a écorché les
oreilles devant tout le monde. Elle lui a dit qu'elle le lourdait de
chez eux.
-Comment tu le sais ?
-C'est un mec que je connais qui me l'a raconté. Il allait à
l'école avec lui.
-Et lui alors, qu'est-ce qu'il a fait ?
-Rien. Il a disjoncté, il est parti. Jamais de la vie sa mère
le foutra dehors, mais elle va lui prendre la tête. C'est ce qui
lui faut, à cet imbécile. Je l'ai croisé aujourd'hui,
il était bourré. Il m'a raconté des conneries -
genre, c'est lui qui voulait se faire lourder, genre l'armée
c'est super, presque comme la taule."
***
"Soit c'est une dépression hivernale, soit c'est les quatre
jours sans herbe qui commencent àse faire sentir, mais peut-être
c'est juste àcause d'une tache sur le soleil… Bref, pour une
raison ou pour une autre l'apathie est écrasante. Dites-moi un
peu, je suis le seul à virer lourdingue comme ça ou pas
?
De toute façon, c'est pas ça. D'accord il faut travailler.
Ou faire comme si. à ma montre 2h 56. Encore cinq heures à
rester ici. Putain de ta mère."